Observer régulièrement des individus marcher lentement avec les mains derrière le dos est un comportement courant dans la vie quotidienne. Cette attitude, souvent adoptée de manière inconsciente, révèle des aspects intéressants de la psychologie et de la communication non verbale. Les spécialistes en psychologie comportementale se penchent depuis longtemps sur ce geste en apparence anodin mais révélateur de nombreux éléments sur notre état d’esprit, notre position sociale et même notre culture.
Analyse psychologique de la communication non verbale
Le langage corporel peut souvent parler plus fort que les mots. Les experts en psychologie comportementale estiment que jusqu’à 70% de nos échanges sont basés sur la communication non verbale. Les signaux que nous émettons involontairement – expressions du visage, postures, gestes – constituent un langage à part entière.
Albert Mehrabian, un chercheur américain renommé dans ce domaine, a démontré dès 1972 comment certaines postures corporelles reflètent nos processus mentaux profonds. Parmi ces comportements significatifs, la marche avec les mains derrière le dos occupe une place particulière.
Les mouvements corporels involontaires peuvent révéler nos émotions dissimulées ou nos intentions véritables. Même lorsque nous surveillons attentivement nos paroles, notre corps continue souvent de transmettre nos sentiments authentiques. C’est pourquoi le langage corporel suscite autant d’intérêt chez les psychologues, et pourquoi des gestes tels que celui de marcher les mains derrière le dos méritent une analyse approfondie.
Significations psychologiques de cette posture distinctive
Diverses études, dont celle menée par Pease et Pease en 2004, ont établi que marcher lentement avec les mains derrière le dos indique généralement une intense réflexion. Cette posture favorise la concentration en limitant les gestes des mains, permettant à l’esprit de se concentrer pleinement sur la résolution de problèmes complexes.
Cette démarche est également associée à l’autorité et à la confiance en soi. Une étude de l’Université de Princeton en 2015 a révélé que les individus adoptant cette posture sont perçus comme :
- Plus compétents dans leur domaine
- Dotés d’un statut hiérarchique élevé
- Possédant une maîtrise émotionnelle remarquable
- Capables de prendre du recul face aux situations
D’un autre côté, le Journal of Nonverbal Behavior a publié en 2010 une étude de Burgoon et ses collègues montrant que cette posture peut également indiquer une certaine distance émotionnelle. En cachant leurs mains, les individus créent une barrière subtile qui peut réduire leur disponibilité apparente pour l’interaction sociale.
Variations culturelles et contextuelles de l’interprétation
L’interprétation de cette posture varie considérablement selon les cultures. Le tableau ci-dessous illustre ces différences fondamentales :
| Culture | Interprétation dominante | 
|---|---|
| Occidentale | Autorité, leadership, confiance en soi | 
| Asiatique | Humilité, respect, réflexion profonde | 
| Militaire | Discipline, vigilance, attention | 
| Académique | Contemplation, analyse, érudition | 
Une étude réalisée par l’Université de la Colombie-Britannique en 2018 souligne l’importance du contexte social et environnemental dans l’analyse des gestes non verbaux. Un même comportement peut revêtir des significations radicalement différentes selon le cadre dans lequel il s’exprime.
Le contexte professionnel joue également un rôle crucial. Dans un environnement formel tel qu’une salle de conférence, cette démarche évoque le professionnalisme et la réflexion. Dans un cadre plus décontracté, elle pourrait au contraire suggérer une certaine réserve ou un manque d’engagement.
L’équilibre entre ouverture et autorité
La psychologie moderne reconnaît la complexité de cette posture qui oscille entre deux extrêmes en apparence contradictoires. D’une part, elle renvoie une image de confiance et d’autorité – des traits souvent observés chez les leaders et les personnes influentes. D’autre part, elle peut donner l’impression d’une certaine distance émotionnelle.
Ekman et Friesen, dans leurs travaux pionniers à l’Université de Californie en 1974, ont démontré que la visibilité des mains influence fortement la perception de l’honnêteté et de l’ouverture. En dissimulant nos mains, comme dans cette posture, nous pouvons involontairement suggérer une certaine réserve.
Cette dualité explique pourquoi ce geste est si répandu dans des professions nécessitant à la fois autorité et détachement émotionnel : enseignants, officiers militaires ou dirigeants d’entreprise. Ces professionnels doivent projeter une image d’assurance tout en maintenant une distance professionnelle appropriée.
 
 
															